En 1959, Brigitte Bardot épouse Jacques Charrier, son partenaire dans le film Babet.
Cet aveu brut, souvent mal compris du grand public, révèle pourtant une souffrance intérieure. Brigitte Bardot l’a confié elle-même : la maternité l’a plongée dans une profonde détresse. Elle ne se sentait ni prête ni capable d’aimer cet enfant qu’elle portait.
Dans une époque où les pressions sociales imposaient le modèle de la mère dévouée, Bardot ne rentrait dans aucune case. Elle ira jusqu’à tenter d’interrompre sa grossesse par des moyens désespérés, s’infligeant elle-même des coups au ventre, espérant provoquer une fausse couche.
Des gestes terribles, qu’elle décrira plus tard avec lucidité mais sans filtre, assumant ses erreurs et ses douleurs.
Son fils, Nicolas, portera longtemps les stigmates de cet abandon émotionnel. Elevé principalement par son père Jacques Charrier, il grandira dans une forme d’éloignement affectif vis-à-vis de sa mère.
Devenu adulte, il intentera même une action en justice contre elle pour atteinte à la vie privée, notamment après la publication de ses mémoires dans lesquelles Brigitte évoquait sans détour sa maternité non désirée.
Nicolas obtiendra gain de cause, recevant 100 000 francs de dommages et intérêts. Ce geste, bien qu’emblématique, ne suffira pas à effacer les blessures profondes et invisibles que l’enfance peut laisser derrière elle.
Et pourtant, le temps a fait son œuvre. Aujourd’hui âgé de 66 ans, Nicolas-Jacques vit en Norvège, loin du tumulte médiatique français, avec son épouse, le mannequin Anneline Bierkan, et leurs deux filles, Anna et Théa. Il mène une vie paisible, discrète, tournée vers sa propre famille, loin des projecteurs et du mythe Bardot.
Entre mère et fils, les relations, bien qu’imparfaites, se sont peu à peu apaisées. Brigitte Bardot, aujourd’hui retirée dans sa propriété de La Madrague, à Saint-Tropez, parle de son fils avec une tendresse mêlée de pudeur.
Elle reconnaît qu’ils ont appris, chacun à leur manière, à construire un lien nouveau, propre à eux. « Je l’aime d’une manière spéciale, et lui aussi. Il me ressemble un peu », confie-t-elle. Ces quelques mots, simples mais chargés d’émotion, traduisent une forme de réconciliation.
Nicolas lui rend visite une fois par an, parfois seul, parfois accompagné de sa famille. Ce rituel discret mais régulier témoigne d’une volonté mutuelle de maintenir un lien, même ténu.
L’histoire entre Brigitte Bardot et son fils est l’une des pages les plus intimes et les plus controversées de la vie de l’ancienne actrice. Elle soulève des questions profondes sur la maternité, la liberté individuelle, le poids de la célébrité et la capacité à aimer.
Bardot n’a jamais cherché à dissimuler ses failles. Au contraire, elle les a exposées, parfois brutalement, à la face du monde. Ce courage, certains l’ont perçu comme une provocation, d’autres comme un cri de vérité. Car derrière le mythe de la femme fatale se cachait une femme en lutte avec ses propres contradictions, ses propres peurs, ses incapacités affectives et ses regrets.
Il est tentant de juger, de condamner, de pointer du doigt. Mais l’histoire de Brigitte Bardot et de Nicolas est aussi celle d’une génération où l’on parlait peu de dépression post-partum, de pression sociale, de détresse psychologique des jeunes mères.
Dans les années 60, une femme qui refusait la maternité était immédiatement jugée comme froide, égoïste, voire monstrueuse. Bardot, en disant haut ce que tant d’autres taisaient, a peut-être ouvert, à sa manière, une brèche dans le tabou.
Aujourd’hui, à l’automne de sa vie, Brigitte Bardot semble avoir trouvé une certaine paix. Elle consacre son énergie à la défense animale, sa cause de toujours.
Son fils, lui, poursuit son chemin dans la discrétion. Leur relation, certes atypique, n’en est pas moins réelle. Elle repose sur l’acceptation des blessures, sur la reconnaissance des torts, et peut-être, sur un amour silencieux qui ne dit pas son nom, mais qui persiste, envers et contre tout.
